vendredi 26 novembre 2010

De la mésaventure d'un lapin et de l'assassinat d'une taupe.

Pilou-pilou le lapin a beaucoup d’amis, dont Henriette la taupe.
Henriette la taupe n’a point d’ami, sauf Pilou-pilou le lapin… Et des vers de terre, qu’elle se doit de torturer si elle veut les entendre s’exprimer.

Un jour qu’ils se prélassaient dans une clairière, ils vinrent à discuter de ce point. Henriette la taupe lui expliqua que sa myopie était la cause de l’absence d’amis dans sa vie ! Lui, lui dit que c’était ses grandes oreilles qui lui permettaient de garder les siens près de lui. Au fil de la conversation, ils furent amenés à passer un pari.

« Je pari que tu ne peux perdre tout tes amis excepté moi, dit la taupe.
- Et moi je pari que tu ne peux t’en faire autant que j’en perds ! rétorqua le lapin.
- Pari tenu ! » Dirent-ils en cœur.

A l’orée d’un champ, un jour de beau temps, Pilou-pilou le lapin vit Annabelle la Tourterelle. Avisant de petits cailloux, il décida de lui lapider l’aile.
« Mais que fais tu à mon aille ! S’égosilla Annabelle.
- Une tourterelle avec deux ailes, c’est trop commun. Une seule aile te suffit pour être jolie ! »
Faisant fis du compliment, la demoiselle s’emporta et partit à travers les bois : « Mon ami tu n’es plus, malotru ! »
Content de lui, mais un peu triste aussi, Pilou-pilou le lapin repris son chemin.

Entendant les cris de la tourterelle, Henriette la taupe s’approcha sans bruit.
« Qu’y a-t’il jolie hirondelle ?
- Tourterelle, je suis une tourterelle, »  répondit Annabelle. Il faut savoir qu’Annabelle est une tourterelle très susceptible et qui ne fait pas grand frais des compliments qu’on lui fait.
« Excusez moi très chère tourterelle, il ne faut pas m’en vouloir, c’est que je suis myope comme une taupe.
- Je viens de perdre un ami, ma vie est déjà assez pourri, ne faite pas la sotte, je ne vous en veux pas idiote.
- Voudriez-vous être mon amie ? Je vous porterai jusqu’à votre nid ! »
La tourterelle, trouvant bien aimable cet animal, accepta avec entrain.
Henriette la taupe, fort à propos, s’en alla le sourire aux lèvres, l’oiseau sur son dos !

Toujours partant, Pilou-pilou le lapin sautillait tout en bondissant dans les champs. Au détour d’un chemin, sous un temps de chien, il croisa Jérôme l’escargot. ET BADABOUM.
« KIIIIAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! »

Voix off de la narratrice : J’imite bien le cri de l’’escargot hein ?
Les yeux remplis d’admiration, le petit n’enfant qui écoute la douce voix de la narratrice : Ouah ! Trop ! T’es trop forte !

« Mais ça va pas petit con ! Pourquoi as-tu explosé ma maison ?! Dans un souffle ralla un Jérôme tout raplapla.
- Et bien, je t’ai vu, et j’ai couru ! C’est aussi simple qu’un chien ! Se défendit le lapin.
- Pour avoir détruit mon abri, tu n’es plus mon ami ! Sapristi ! »
Et sur ces mots réconfortants, Pilou-pilou le lapin passa son chemin pendant que l’escargot s’en alla tant bien que mal à la recherche d’un autre toit pâle.

Et c’est là qu’une belette prénommé Henriette, heu…. Qu’une taupe s’approcha de lui   avec douceur et gentillesse :
« Bonjour, dis moi, tu es bien gros pour un vers de terre, quel animal es-tu ?
- Et bien, moi qui pensais à mon grand désespoir ressembler à une limace, voilà que moi, gastéropode de mon état, on me confond avec un lombric… Je suis un escargot, Jérôme de son prénom pauvre con.
- Un escargot, et te voilà sans maison… Viens sur mon dos, tu te protégeras dans mon antre.
- Volontiers, me voilà peut être pas si malchanceux,  un con je perds mais un bouffon je récupère. »

Alors qu’Henriette se réjouissait de l’existence de son nouvel ami, Pilou-pilou bondissait vers son dernier ami.
Arrivant devant Isidore le pingouin (ouais parce qu’Isidore le condor, ça rime mais c’est trop classe), Pilou-pilou est accueilli en ces termes :
« Bonjour mon ami, que me vaut ta visite ici ?
- Je passais te voir avant que tu te gèle les pieds dans une eau glacée.
- Pourquoi dis-tu ça, je ne comprends pas ?
- Et bien ton habitat naturel s’effondre et fond mais ne t’inquiètes pas, j’aide à sa destruction, je chie plus que de raison.
- Tu rigoles j’espère ?!
- Ô que non, mon compère.
- Mais quel crétin ce lapin ! Clôtura Isidore le pingouin tout en bottant le cul d’un lapin éberlue jusque dans les tréfonds  du bois des lois.

Alors qu’il s’en retournait chez lui, émergea d’un trou une Henriette toute baba.
« Que fait donc un pingouin là ?
- Je raccompagnais chez lui un ancien ami.
- Ne serait-ce pas un lapin un peu crétin ?
- Tout à fait.
- Voudrais-tu de ma présence ? Je pourrai faire un brin de chemin avec toi.
- Volontiers, et dis moi, quel est ton petit nom à toi ?
- Henriette enchantée. »

Epilogue

 Se retrouvant autour d’un thé afin de s’accorder sur la personne qui remportait le défi, Pilou-pilou le lapin et Henriette la taupe en vinrent vite fait au sujet. Apprenant avec horreur que la taupe l’avait berné, le lapin fut pris d’une colère noir et en alla jusqu’à invoquer le loir ! Car vous devez savoir que le loir est, parmi nos amis, source de tout savoir.

« Par le loir et l’Histoire, jamais on ne vie étalage d’un si immonde bernage ! Mes amis tu m’as pris, grâce à cet odieux pari, qu’il en soit ainsi, tu mourras transi ! »

Sur ces entrefaites, Pilou-pilou, aussi vil qu’un loup, profita de la myopie de son ami, la pris, la retourna et l’enfonça jusqu’au postérieur dans son cagibi, et la pauvre, pleine de torpeur, s’imagina avec effroi mourir de froid. Puis le lapin achevant son diabolique dessin, la taupe, telle une gaupe, malgré ses cris, étouffés par son abri, mourut sous les coups ardus et toujours plus accrus d’un lapin certes un peu crétin mais pas le moins du monde, ou alors un tout petit peu, assassin.